MAIS OÙ SONT LES BOULES D'ANTAN

Sans doute pour la rendre plus chic à l'exportation, la pétanque de nos pères semble doucement mais fermement poussée vers la sortie, de plus en plus encadrée dans la nature des terrains, le choix des tenues et l'ensemble de ses codes en général.
Banon fermier, Roquefort, cabécous informes à la peau de crapaud : à la trappe ! Place au Gouda et au Babybel ! Alors que l'art ou le génie des boules ne s'exprime jamais aussi bien que dans la variété des terrains, les pentes et dévers sournois, les cailloux pervers au milieu de la merde et du goudron, les obstacles naturels à surmonter ou à contourner, voici venu le temps, loin des rires et des chants, de la pétanque hygiénique, comme le papier du même nom : une longue bande de sable ou de compacté, sans aspérités marquées, roulée et aussi plate que Jane Birkin dorant sa poitrine au soleil.
Bref, une pétanque souvent réduite à un concours de tir, ayant perdu "l'appoint du pointeur" (dans la plupart des équipes, un troisième tireur), pour le plus grand bonheur des rafleurs et le désespoir des tourneurs de boule imaginatifs et malins.
Adieu, esprit des boules ! Jean-Claude Clerc a souhaité le disant frapper les esprits, et n'a pas manqué sa cible (assiste-toi, bonhomme ! )."

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